
L'opéra n'existait pas. À sa place, mais plus près de la Vieille Bourse, s'élevait le Théâtre Lequeux. Son incendie, en 1903, annonce un vaste chambardement urbain étalé sur une dizaine d'années (en plus de la construction «en cent jours» d'un théâtre «intérimaire», le Sébastopol).

Se conjuguent trois grandes oeuvres : l'édification de la chambre de commerce, celle de l'opéra, et le percement du Grand Boulevard. Quelle plus belle entrée dans la capitale des Flandres qu'entre les deux majestueux bâtiments de Cordonnier ?
Alors on rase les constructions, on perce dans l'existant, on fraie un chemin à la modernité à travers le Lille ancien. Le quartier n'en est pas à ses premières coupes claires. Quarante ans plus tôt, alors que la ville agrandie en 1858 inspire à pleins poumons l'air haussmannien, le percement de la rue Faidherbe produit les mêmes effets : les ruelles pittoresques qui ralentissent l'accès à la nouvelle gare, de l'Éperon-Doré, des Douze-Apôtres, du Trou-aux-Anguilles, disparaissent, avec le minck (le marché aux poissons), au profit d'une artère digne d'une ville de son temps. Un demi-siècle plus tard, le Grand Boulevard achève de remodeler cette partie de la ville.
Et encore la métamorphose ne fut-elle pas menée à son terme. Les plans les plus audacieux prévoyaient d'ouvrir le passage du boulevard jusqu'à la Grand-Place, en livrant aux pioches l'actuel rang de Beauregard. Ainsi réalisée la jonction avec la rue Nationale flambant neuve, il aurait traversé la ville de part en part. Qui sait si les Lillois, aujourd'hui, ne rouleraient pas sous des minitunnels ? • S. B
In LA VOIX DU NORD, édition Lille métropole du 23 août 2009
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