Les premiers hydravions qui visitent la ville sont anglais : le 10 août 1914, deux officiers britanniques victimes d’une panne de moteur rejoignent la plage de Saint-Pol et c’est au camp d’aviation qui la borde qu’ils trouvent naturellement refuge.
Les pilotes de Sa Majesté prennent bonne note de l’existence de ce terrain providentiel puisqu’ils y installent une escadrille quinze jours plus tard. Les lieux ne sont pas adaptés aux hydravions qui n’y font que de brefs passages car pour ces frêles appareils, de bois et de toile, la houle vient rapidement à bout de toute résistance.
Où les faire stationner ?
Finalement, les Français décident de créer le premier Centre d’Aviation Maritime en décembre 1914 qui accueille sa première escadrille le mois suivant, presque entièrement dotée d’hydravions FBA sous le commandement d’André Dumont. A peine installée aux Chantiers de France, elle se distingue en participant au premier bombardement par des escadrilles d’hydravions de la zone de Zeebrugge, port occupé qui abrite de redoutables flottilles. D’ailleurs, c’est dans cette même unité que se trouvent les premiers héros de l’aviation navale, les lieutenants de vaisseau Marie, Amiot et Battet qui, les premiers, attaquent des navires allemands en mer.
Ce n’est pourtant pas là l’essentiel de leur mission, il leur incombe de protéger les côtes, repérer les sillages des sous-marins lorsqu’ils sont en immersion périscopique et, le cas échéant, porter secours. L’armement est réduit : sur les FBA qui protègent le port de Dunkerque, on ne dispose que d’une bombe de 105 kg, un fusil-mitrailleur Chauchat… et une autonomie de trois heures. Pas de parachute, pas de gilet de sauvetage, les deux gênent les pilotes en vol. Bref, le métier est à haut risque.

Un grand hangar à gauche des cales des Chantiers de France sert de base aux hydravions de la Royale.
Des missions à la limite du suicide
Les Allemands ne tardent pas à répliquer en alignant des appareils plus puissants et plus rapides. Les pilotes d’hydravions alliés ont pourtant écrit de belles pages de l’histoire navale.
Nombreux sont ceux qui font preuve d’audace comme l’enseigne de vaisseau britannique Ferrand et le mécanicien Oldfield qui attaquent devant Westende un torpilleur à la bombe et abattent un chasseur allemand ou encore l’enseigne de vaisseau Teste, à la tête un groupe de quatre appareils, qui est fait prisonnier par les Allemands le 25 mai 1917 après un combat difficile. Fidèle à l’Aéronautique navale, il sera par la suite le père de l’aviation embarquée française. Les pilotes français, opérant avec les Anglais, ne peuvent plus sortir sans la couverture de la chasse.
L’on met au point au hydravion de chasse, un Sopwith Baby doté de flotteurs et d’un moteur français de 100 ch. en 1916 mais les appareils n’arrivent à Dunkerque qu’en 1917… C’est insuffisant, bientôt les hydravions français sont surclassés. Devenus inefficaces, la base dunkerquoise est abandonnée en 1917 et les hydravions partent vers la Méditerranée au ciel moins encombré.
Leur valeur est reconnue : le 15 juin 1918, l’escadrille d’hydravions de Dunkerque reçoit la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre et que deux citations à l’ordre de l’Armée dont une pour son action en Mer du Nord. Elle survit après guerre au sein de l’Escadrille de Bombardement EB25 en Afrique du Nord, qui devient le squadron 347 dans l’aviation anglaise en 1943 ( ou Groupe 1/25 Tunisie des FAFL) affecté après-guerre à la BA 106 de Bordeaux qui a recueilli ses traditions. Autre héritier, purement marin : l’escadrille 2S, devenue 24F en mars 2000 avec des missions de reconnaissance, de surveillance et de liaison à Lann-Bihoué… Quand on dit que les marins ont la bougeotte ! .
paru au Phare Dunkerquois, édition du 1er juin 2006
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