dimanche 30 mars 2008

Son bombardier y avait été abattu en 1944, le soldat canadien de retour à Verchocq

Le 13 juin 1944, un bombardier canadien touché par l’aviation allemande s’écrase à Verchocq (Montreuillois).
Sur les sept aviateurs, quatre trouvent la mort.
Parmi les trois survivants, Keith Patrick trouve refuge dans la ferme des Hochart. Ses camarades et lui seront cachés trois mois, à Renty et Rumilly. Jusqu’à vendredi, Keith Patrick n’était jamais revenu sur les lieux de la tragédie.
Il avait 25 ans à l’époque, il en a 89 aujourd’hui. Le soldat canadien Keith Patrick n’était jamais revenu à Verchocq depuis 1944. «Il m’a fallu tout ce temps pour digérer tout ce qui s’est passé cette nuit-là», explique-t-il sobrement.
Le 13 juin 1944, l’Hallifax III dans lequel il était opérateur radio était parti pour bombarder la gare d’Arras. Au retour, il est pris en chasse par l’aviation allemande.Le bombardier est touché sur les hauteurs de Verchocq et s’écrase par le plus pur des hasards sur une batterie de DCA allemande qui se trouvait là. Keith Patrick, «Bunny» Wilson et Patrick Folton parviennent à sauter en parachute. Les quatre autres membres de l’équipage sont morts.
Blessé, Keith Patrick rampa à travers champs, évitant les patrouilles allemandes et finit par frapper à la porte d’une ferme. Bonne pioche, c’est celle des Hochart, une famille estimée dans le secteur. Charles Hochart ne réfléchit pas longtemps. Au petit matin, Keith Patrick est caché dans une carriole conduite par François Issac et Louis Hochart qui prend la direction de Renty où Charles Hochart connaît des résistants. Il s’agit de la famille Fillerin. Le père et la mère ont été déportés en 1943. Mais leurs enfants cacheront l’aviateur, jusqu’à ce que les troupes de libération arrivent en septembre 1944. Ses compagnons seront cachés eux aussi à Rumilly.
Après la guerre, Keith Patrick est retourné au Canada, travaillant pour le compte d’une grande aciérie mais il est resté en contact avec les Hochart et les Fillerin et avec ses compagnons d’armes. Il correspond toujours avec Folton. «Bunny» Wilson est décédé.

«Plus que du courage»
Mais Keith Patrick n’avait jamais osé revenir sur les lieux, jusqu’à vendredi. Il a fini par répondre à l’invitation de la petite-fille de Charles Hochart, qui était venu lui rendre visite, il y a dix ans au Canada. Et Verchocq s’est mis sur son trente et un pour le recevoir. Keith Patrick est revenu sur les lieux où son avion s’est écrasé. Il a revu la ferme des Hochart et des Fillerin. «Tout est remonté d’un coup, j’ai été submergé par l’émotion», raconte le vieil homme qui n’en finit pas, dans la salle des fêtes où une réception a été organisée en son honneur, de remercier tous les membres des familles Hochart et Fillerin. «Ce qu’ils ont fait, c’est plus que du courage.»
Il a aussi pu revoir les vestiges de son avion, exposé à la Coupole d’Helfaut. Hier, il s’est recueilli sur la tombe de ses camarades d’équipage enterrés au cimetière militaire de Leubringhen. Ensuite, il ira dans le Périgord, voir les descendants de la famille Fillerin. Un long voyage que Keith Patrick se devait de faire au soir de sa vie, «pour remercier ceux qui m’ont aidé. Je ne sais pas si je vais revenir, mais tous ceux qui se trouvent dans cette salle des fêtes de Verchocq doivent savoir qu’ils trouveront toujours la porte ouverte chez moi, à Kitchener, au Canada.»
• FABRICE LEVIEL

in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 30 mars 2008

4 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis un p'tit gars, né à Rosendaêl,en 1959.E n vélo,j'ai parcouru le mon pays(flamand et ch'ti).par hasard, j'ai visité des cimetières, de Esquelbecq à Fretin,et j'y ai rencontré des tombes de jeunes hommes, étrangers de surcroit.14-18,39-45,je trouve cette redécouverte émouvante.Je n'aurai pas aimé me retrouver,en flammes,dans un bombardier,en 1944,battu par la flak,ni au dessus du ciel du Nord,ni à aucun autre endroit,à cette date.Le pays est toujours sous la coupe nazi,et il en a fallu du courage, pour se battre, pour la liberté de tous.C'était une guerre mondiale.Merci pour ce témoignage,et qui rend aux Inconnus ,mais que l'on peut toujours rencontrer au coins de nos cimetières,cet hommage qui ne sera jamais assez grand.Et à tous ceux qui leur ont ``donnés un bon coup de main''.

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…
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